Les Johnnies de Roscoff : Rencontre avec M. Seité

Le 11 mai, les élèves ont échangé avec M. Seité sur son expérience des Johnnies.

Retour en mots et en images sur cette rencontre passionnante et riche d’enseignements.

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Les élèves ont posé des questions à M. Seité à partir d’anciennes photographies. Ils vous racontent :

M. Seité est venu nous rencontrer le 11 mai 2021. Il a aujourd’hui 81 ans.

1re photo :

Guillaume (Lomig) Seïté et son fils François à Bristol

Pour écouter, c’est ici :

Photo 1 Lucas, Maïwenn et Kessy

Sur cette photo prise par un journaliste, M. Seité se trouve dans une rue de Bath, près de Bristol en Angleterre. Il a 34 ans, il est avec son père. Il est à Bath pour vendre ses oignons, c’est son métier. Lui, comme son père et son grand-père avant lui, sont des Johnnies. C’est ainsi que les anglais appellent les marchands d’oignons rosés qui venaient de Roscoff, Santec, Cléder ou Paimpol pour vendre leurs marchandises.

Le vélo sert à transporter plus facilement les tresses d’oignons. Le métier de Johnny consiste à aller faire du porte à porte chez les anglais pour vendre les oignons récoltés à Roscoff. M. Seité a appris son métier avec son père et il a fait sa première saison en Angleterre à l’âge de 13 ans. Il a exercé ce métier toute sa vie : de 1953 à 2000. Il parle couramment anglais car quand on est Johnnie, on passe 4 mois et demi de l’année en Angleterre.

Les Johnnies quittaient Roscoff après la Sainte-Barbe en juillet et revenaient pour Noël, une fois toute la marchandise écoulée.

Les deux enfants sont ses fils. Mme Seité était venue avec leurs deux garçons rendre visite à son mari car c’est long d’être coupé de sa famille pendant 4 mois.

Ce sont souvent les femmes, restées à Roscoff, qui étaient chargées du ravitaillement, c’est-à-dire de faire parvenir les stocks d’oignons en Angleterre. Quand le ferry est arrivé, c’était beaucoup mieux car la marchandise n’était pas du tout abîmée. L’oignon rosé est savoureux mais délicat. Et si l’oignon rosé de Roscoff a obtenu l’AOP en 2013, c’est aussi grâce à son histoire et à ce métier traditionnel de Johnny.

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2e photo :

Lomig Seité et son fils François à Bristol

Pour écouter, c’est ici :

Photo 2 Laura et Candice

Sur cette photo, M. Seité est plus jeune, il a environ 25 ans. C’est son père qu’on voit derrière. Son père, qui était Johnnie, est en train de vendre une tresse d’oignons à une française installée à Bristol. Elle était originaire du Nord de la France, c’était une infirmière qui s’occupait de malades atteints du SIDA. Elle s’appelait Marcelle.

M. Seité partait avec son père, deux autres employés johnnies et un botteleur. Le botteleur était chargé de confectionner les tresses d’oignons et de faire la cuisine. Présenter la marchandise en tresses permettait de mieux vendre. Pour confectionner les tresses, les johnnies consacraient le dimanche matin à aller chercher des joncs dans la campagne. Le dimanche après-midi, ils se reposaient et souvent ils écrivaient des courriers à leurs familles.

Cette photo, prise par la télévision locale, annonce le retour des Johnnies à Bristol. Les français étaient attendus et toujours bien accueillis par les anglais. Alors même si le métier de Johnnies était difficile et demandait des sacrifices, comme celui d’être éloigné de sa famille, il y avait aussi de la satifaction dans cette reconnaissance et curiosité des anglais à leur égard. Pour les anglais, le Johnny est un emblème de la France au même titre que la baguette de pain ou le fromage.

Beaucoup de Johnnies ont noué des liens d’amitié très forts en Angleterre.

Le métier de Johnnies a aujourd’hui presque disparu mais dans les années 1930, on comptait plus de 3000 Johnnies.

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Un GRAND Merci à M. Seité pour la qualité de son intervention, pour sa gentillesse et sa disponibilité.

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