Nellie Bly, dans l’antre de la folie de Virginie Ollagnier et Carole Maurel

Une critique des Perhadebibliothèques

Nellie Bly, dans l’antre de la folie 5/5

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Une critique des Perhadebibliothèques

New-York, 1887- Une jeune femme loue une chambre dans une pension pour ouvrières. Elle pose des questions étranges, fait des réflexions inadaptées et sans filtre sur ses colocataires. Elle apostrophe le lecteur pour nous révéler son nom : Nellie Brown, et nous annoncer qu’elle s’est perdue. Devant l’émergence de sa folie, les travailleuses, inquiètes, la rejettent. Dès lors, le récit alterne entre passé et présent. La petite Nellie s’appelle en réalité Elizabeth Cochrane. Le décès de son père, alors qu’elle avait 7 ans, précipite son destin dans un enchaînement d’événements dramatiques : misère, violence, injustices. Sa douce folie est-elle l’expression d’un traumatisme ? La gérante de la pension demande à la police de venir la débarrasser de cette locataire gênante. Le tribunal statue sur son sort : déclarée démente, Nellie transite par l’hôpital de Bellevue avant d’être exilée à l’asile de Blackwell.

Nellie est la narratrice, le lecteur vit les situations de son point de vue, c’est fort émotionnellement. Pour quelques remarques insensées, Nellie est très rapidement diagnostiquée démente et se retrouve emprisonnée dans l’asile d’aliénés de Blackwell, un asile isolé sur une île. Une bande dessinée puissante qui dénonce les injustices faites aux femmes aux États-Unis, au 19e siècle. Dans une société patriarcale, toutes celles qui ne remplissent pas le rôle assigné aux filles sont condamnées à l’enfermement grâce à la complaisance de médecins. Quel meilleur moyen pour un homme pour se débarrasser d’une mère, d’une épouse, d’une fille devenue encombrante ? Blackwell c’est une prison où les droits les plus élémentaires sont bafoués. Humiliées, suppliciées, les femmes captives tentent de survivre en se soutenant. Nellie promène son regard aiguisé et tente de confronter médecins et infirmières à leur maltraitance. Tous ces sévices n’ont-ils pas d’autre but que de faire définitivement sombrer ces femmes dans la folie ? Oui, la folie est présente à Blackwell, symbolisée dans une dimension fantastique par des fantômes, des ombres vertes qui planent dans cet asile sombre et austère. Les dessins très soignés et détaillés transportent le lecteur dans l’atmosphère new-yorkaise du 19e siècle. Les couleurs permettent de basculer du passé au présent : couleurs vives pour le passé, couleurs froides pour la captivité.

Un biopic pas comme les autres, un grand coup de cœur !

Une bande dessinée qui donne envie d’en savoir plus sur la pionnière du journalisme d’investigation.

A conseiller à partir de 13 ans.

Virginie Ollagnier, Carole Maurel, Glénat, 178 pages, 22 euros.