Je m’imagine Poilu pendant la première guerre mondiale

Yvann s’est mis dans la peau de Xavier de Kergariou, mort au combat le 30 septembre 1918. Dans cette lettre imaginée par Yvann, Xavier raconte à son petit frère Charles de Kergariou son quotidien dans les tranchées.

Grandcourt le 28 Septembre 1918

Mon cher Charles,

En cette journée de 28 Septembre je me porte bien. Je suis assigné à la première tranchée avec mes compagnons et mon lieutenant.

Les pieds dans la boue et les mains gelées, les poux nous envahissent et les rats dévorent nos rations. Nos Lebels commencent à s’enrayer avec ce temps humide et frais. Nous devons les nettoyer sans cesse. Il en est de même pour les canons et les mitrailleuses.

Dans la première tranchée, moi ainsi que mes compagnons nous demandons quand les ingénieurs français agiront sur notre équipement dérisoire, sur notre piteux matériel. Cela me fait mal de l’admettre mais, l’équipement allemand est bien plus développé : fusils Kar98k, mitrailleuses Maschinengewehr 08, fusils de sniper et terribles lance-flammes. Ceux qui les utilisent, quelle bande de monstres ! Ils en sont au point de brûler leurs ennemis. Certes, nous ne sommes pas dans le même camp mais ce procédé reste atroce.

Les pluies de balles et les explosions ne s’arrêtent pas. Leurs fusées éclairantes ne cessent d’éclairer le ciel afin de repérer nos soldats et de les bombarder. Plus les jours passent et plus Français et Bosches se rapprochent. Nous en sommes presque à entendre leurs conversations. Dommage que je n’y comprenne rien, ça aurait été un avantage stratégique important.

Hier, on a eu pour la première fois des avions allemands qui nous ont survolés afin de nous repérer. Les Allemands commencent à en avoir assez et n’ont aucune hésitation à nous lâcher l’artillerie lourde comme leurs obus explosifs ou à balles. Pour ces monstres, il y en a pour tous les goûts mais pas pour le nôtre.

Leur pluie de plomb ne cesse pas. La fumée et l’air toxique sont perpétuels et voilent le paysage. Ils nous lâchent toutes les armes dont ils disposent même si elles ne sont qu’à l’état de prototype. Récemment ils ont essayé leur gaz moutarde maintenant si redouté, cette horreur ne fonctionne que trop bien. Heureusement que l’arrière nous a fait parvenir des masques à Gaz.

L’arrière réussit aussi à nous faire parvenir de la nourriture, de l’eau, de l’alcool et des cigarettes. De quoi nous faire penser à autre chose pendant ces temps difficiles. De temps à autre, nous recevons l’actualité et les journaux. Je suis choqué de tous les mensonges que la presse raconte. Elle nous fait passer pour des héros. J’aimerais que ce soit réel. Mais cette guerre est loin d’être terminée. Mais ce n’est pas fini, on ne lâche pas. Même si parfois nos généraux peuvent nous paraître inhumains, ils nous sembleront toujours plus humains que nos ennemis.

L’esprit d’équipe ne cesse de s’améliorer au sein du groupe. Nous sommes tous là pour combattre. Pour la France nous réussirons à vaincre ! Nous allons bientôt partir vers Pargny Filain pour effectuer un assaut avec notre lieutenant et une dizaine, vingtaine, trentaine d’autres compagnies.

J’ai hâte de vous revoir tous en bonne santé ; vous me manquez énormément.

A bientôt mon frère

Je t’aime…

-Xavier-

Xavier et Charles de Kergariou ont réellement existé. Xavier de Kergariou est mort au combat le 30 septembre 1918. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Carantec, Xavier avait 20 ans. Son frère Charles est devenu peintre, il est notamment l’auteur des fresques encore présentes dans le centre de Perharidy à Roscoff (ancien sanatorium).